Deuxième extrait : Comment aborder.

(page 100)

" Il reprend alors sa bière, tout content de lui et me dit en baissant la voix.

-          Tu vois, c’est ça aborder par une demande d’opinion. Très facile. Tu demandes un avis féminin sur une question que tu as. Comme ça, tu justifies indirectement le fait d’aborder des inconnus d’une part et surtout des femmes d’autre part. Ensui...
-          Ouais... pas mal du tout... dis-je impressionné.
-          Ensuite, tu lances ton sujet et tu vois comment elles y répondent. Si tu vois qu’elles sont disposées à parler, comme ici d’ailleurs, tu alimentes le débat avec d’autres arguments. Tu vois, j’aurais par exemple très bien pu poursuivre en demandant à la troisième pourquoi c’est mieux dedans et ainsi faire rebondir la conversation. Si ça accroche, tu enchaînes avec d’autres questions, relatives à d’autres sujets et petit à petit, tu en viendras à discuter de choses qui n’ont plus aucun rapport avec ton sujet d’approche initial. Tu as juste créé une discussion grâce à une technique d’approche indirecte et justifiée. Puissant, non ?
-          Très puissant...
-          Tiens, pendant que j’y suis. Retiens aussi ça, c’est important... Pour être vraiment parfait, tu peux - et tu dois même - ajouter d’autres techniques parallèles. Imperceptibles au premier abord mais qui sont très utiles. Je ne sais pas si tu as noté mais j’ai dit « Vous auriez quinze secondes à nous accorder ? ». J’ai dit cela intentionnellement. J’ai dit cela pour leur faire comprendre que je n’allais pas m’imposer plus longtemps. C’est très important. L’une des peurs de quelqu’un quand un inconnu l’aborde, c’est que ça s’éternise et qu’il n’arrive pas à s’en défaire. Là, je leur fais comprendre que ce ne sera pas le cas. J’aime bien aussi dans le même genre le « Je ne peux rester que deux minutes, après je dois rejoindre mes amis ». Celui-ci est doublement puissant. D’abord, tu les rassures sur le fait que tu ne vas pas t’imposer outre-mesure, ensuite tu annonces que tu as des amis, donc que tu es quelqu’un de social, validé par d’autres personnes et donc que tu n’es pas une menace. Tu joues sur l’inconscient de la personne. Et bien sûr, une fois que la discussion est lancée, plus rien ne t’oblige à partir au bout de deux minutes !
-          C’est très malin ton affaire…
-          Oui mais nécessaire. L’autre chose importante est le langage corporel. Tu as rassuré sur le fait que tu n’allais pas t’imposer dans le temps. Ne t’impose pas non plus physiquement. Ne te plante en plein milieu devant la nana. Mais au contraire, sois de trois quart, le corps orienté vers l’extérieur et seulement la tête tournée vers ton interlocutrice. Ensuite, seulement si la discussion s’enclenche, tu pourras te tourner complètement vers elle. Mais pas tant que tu n’as pas été accepté.
-          Ohlalala, je ne vais jamais pouvoir penser à tout ça... 
-          Ce n’est pas grave. Le tout est de le savoir. Ça viendra avec le temps et la pratique. Crois-moi. Maintenant, lance-toi ! "


[...] 

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